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Pourquoi le coronavirus entraîne des achats frénétiques de papier toilette?

La peur du coronavirus déclenche des achats compulsifs, notamment de papier toilette. En Europe, en Amérique du Nord, mais aussi en Australie. Pourquoi? Les psychologues parlent de "peurs contagieuses", "d'envie de reprendre le contrôle", "d'antidote au dégoût". 

Lundi matin, à l’ouverture de cette épicerie dans le quartier bobo parisien d’Oberkampf, il faut 5 minutes chrono pour faire trois courses de première nécessité, un passage en caisse automatique et un rinçage de mains au gel hydroalcoolique, avant un retour chez soi à grandes enjambées. Un coin du magasin est bien dégarni : celui du chocolat. Un autre est carrément vide : celui des lingettes désinfectantes et du papier toilette.
Plus de PQ ! Encore ! Depuis la propagation du coronavirus, les Français font des réserves. Ils dévalisent les rayons et stockent. Devant les hypermarchés, certains disparaissent même derrière leurs emballages de 36 ou 48 rouleaux double épaisseur !
Ils ne sont pas les seuls. La presse allemande a beaucoup glosé ces derniers jours sur le Hamster Kauf (les achats compulsifs façon hamster dans sa roue), la presse autrichienne sur le "stockage intensif du Klopapier" (PQ), les Britanniques sur le  "panic buying" (achat panique), notamment de produits d’hygiène, au point que l’enseigne Tesco a fini par annoncer des restrictions.

Reprendre le contrôle

Il n’y a pas que l’Europe concernée ! CNN a rapporté qu’en Australie une chaîne de magasins avait embauché des vigiles pour surveiller les réserves. De l’autre de l’Atlantique, les reportages sur les "toilet paper freaks" (zinzins) se sont multipliés. Au point que le site d’information Inforum de Fargo, dans le Dakota du Nord, se demandait, dimanche 15 mars, en une : "A part du papier toilette, que faut-il stocker avant que d’être atteint par le Covid-19 ?"
Deux jours auparavant, c’est l’ancien ambassadeur de France à New York, Gérard Araud, qui tweetait en anglais depuis les Etats-Unis : "Plus de papier toilette dans mon supermarché. Cette obsession générale requiert une explication psychanalytique."
A défaut de divan, les médias anglo-saxons donnent ces jours-ci la parole à une flopée d’experts. Parmi eux, la psychologue américaine Erin Leonard pour qui "lorsque les gens ont le sentiment que les choses leur échappent, et qu’il n’est pas en leur pouvoir d’éviter les mauvaises nouvelles, ils peuvent ressentir du réconfort en achetant des quantités de papier toilette, qui leur donne l’impression de reprendre le contrôle sur une situation chaotique".

Antidote au dégoût

Autre spécialiste très sollicité, le psychiatre canadien, Steven Taylor. Enseignant à la UBC (University of British Columbia), spécialiste de l’anxiété et des désordres de l’humeur, il vient de publier un ouvrage, qui tombe à point nommé, sur la psychologie des pandémies, "et comment se préparer  à la prochaine grande épidémie" (The Psychology of Pandemics: Preparing for the Next Global outbreak of Infections Disease (Cambridge Scholars Publishing, 2019), non traduit).
L’universitaire a accordé des entretiens à Radio Canada, CBC Vancouver et à CNN, dans lequel il décrypte le mimétisme irrationnel des consommateurs et prévient "lorsqu’une personne commence à agir avec la peur comme moteur, ça peut devenir contagieux". 
Pour le Canadien, “les gens ont tendance à croire que les gros problèmes exigent de grandes solutions. Or lorsque le gouvernement se contente d’un : “Vous ne devez pas porter de masques et vous devez simplement vous laver les mains", ils ont le sentiment que face à leur gros problème et on ne leur offre qu’une petite solution.” Ce qui les frustre et, bien sûr, peut expliquer qu’ils se chargent de cargaisons de papier toilette pour se donner "un sentiment de sécurité et de réconfort"...
Le professeur en psychiatrie poursuit, en observant que dans l’inconscient collectif le virus suscite le dégoût. “Or les notions "d’infecté" et de "dégoûté" sont intimement liées", pointe-t-il. D’où le recours au papier hygiénique. Annonciateur de propreté, il devient alors, selon Steven Taylor, "un antidote au dégoût".

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